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Aout Quatorze tome I et II
Août quatorze est le premier nœud (tome) du roman La Roue rouge, écrit par Alexandre Soljenitsyne. Sorti en français en 1972, il est republié chez Fayard en 1983. Il raconte de façon romancée la bataille de Tannenberg vue du côté russe au tout début de la Première Guerre mondiale.
Aout Quatorze
Août 1914. La Ire armée de Rennenkampf et la IIe armée de Samsonov ont pénétré en Prusse-Orientale dans le but de prendre en tenaille l'armée allemande. La Ire armée est à l'est, dans la région de Gumbinnen, la IIe est au sud, à la frontière russe, et se dirige vers le nord-ouest. Le colonel Vorotyntsev est envoyé par la Stavka au quartier général de Samsonov à Ostrolenka pour connaître de façon plus détaillée les positions de la IIe armée. Samsonov déclare qu'il se dirige lentement vers le nord-ouest mais que ses troupes n'ont encore aperçu aucun Allemand dans cette région de lacs et de forêts. Au lieu de retourner à la Stavka, Vorotyntsev décide de se rendre au flanc occidental de la IIe armée afin de voir par lui-même ce qui s'y passe. Il y rencontre le général Krymov qui critique les nombreus manquements de l'armée russe et qui subit les premiers contrecoups de l'offensive allemande.
Le 13 août (26 août), l'offensive allemande est générale à l'ouest et au nord. Au nord, le corps d'armée de Nietchvolodov parvient à contenir l'ennemi mais il est obligé de se retirer dans la nuit du 13 au 14 (27 août). Le flanc oriental de l'armée de Samsonov est maintenant ouvert. Vorotyntsev, lui, s'est rendu sur le flanc gauche où les Allemands ont également lancé l'offensive. Il y rencontre Artamonov, commandant le corps d'armée à Usdau, qui semble dépassé par les événements. Le matin du 14, il tombe sur une tranchée bombardée par l'artillerie ennemie. Le régiment parvient à tenir devant l'attaque mais, durant la journée, un ordre du commandement militaire ordonne de retraiter vers Soldau. Vorotyntsev n'en revient pas.
Le matin du 15 (28 août), Samsonov apprend que ses deux ailes sont en pleine déconfiture. Il décide de déplacer son quartier général plus au nord, à Nardau, où il sera plus près des combats. Mais il est toujours indécis quant à la stratégie à employer. À Nardau, il rencontre le général Nicolas Martos qui dirige l'un des corps d'armée centraux et qui lui conseille un retrait complet de l'armée. Pendant ce temps, derrière lui, l'armée allemande s'empare de Neidenburg. Samsonov est presque complètement encerclé et ne peut plus retraiter. Lui et son état-major se dirigent vers Orlau où il retrouve le colonel Vorotyntsev. Il est alors complètement dépassé par les événements et n'écoute plus ce qu'on lui dit. Son armée est quasi-encerclée et se demande ce qu'il a fait de mauvais pour en arriver là. Il apprend que le général Martos a été tué, que plusieurs régiments sont complètement anéantis.
Le 16 (29 août), la IIe armée est complètement encerclée. Démoralisé, Samsonov se suicide. Le colonel Vorotyntsev tente de passer entre les mailles su filet. Ayant avec lui le soldat Arsène Blagodariov, le lieutenant Iaroslav Kharitonov et l'enseigne Alexandre Lenartovitch (qui tentait de déserter), il tombe sur les rescapés du régiment de Dorogobouje et décide de les emmener avec eux. Le groupe réussit à passer de nuit à travers les lignes ennemies. Pendant ce temps, Rennenkampf et sa Ire armée n'ont pas levé le petit doigt pour sauver la IIe armée et les quelques troupes rescapées de l'aile droite qui ont tenté quelque chose ont vite été contrecarrées par la Stavka qui a ordonné le repli derrière la frontière russe. Près de 100 000 hommes ont été tués ou fait prisonniers.
Vorotyntsev va faire son rapport à la Stavka à Baranovitchi devant le commandant suprême Nicolas Nikolaïevitch et les principaux généraux du GQG. Il leur déclare que ce n'est pas seulement les décisions de Samsonov qui ont été la cause de l'anéantissement de la IIe armées mais surtout celles du commandement suprême. Il leur dit que la Russie s'est jetée dans la guerre dans une impréparation totale, pour faire plaisir à la France. Ces déclarations lui valent d'être renvoyé de la Stavka.
Aout Quatorze II
Vorotyntsev, la poitrine bombée comme pour un pugilat, le visage cramoisi sous l'effort, lui lança en pleine figure :
... la plus fatale décision, ce fut, par désir de faire plaisir aux Français, la promesse in-considérée de commencer les hostilités au quinzième jour de la mobilisation, avec seule-ment un tiers de nos forces prêtes au combat ! Promesse due une grossière ignorance ! En-gager nos forces unité par unité, et sans même qu'elles soient prêtes !...
Vorotyntsev eut encore le temps de lancer avec un éclair de haine :
D'après la convention, la Russie a promis d'apporter une « aide décisive», mais pas de se suicider ! Ce suicide, c'est vous qui l'avez signé pour la Russie, c'est vous, Votre Excellence !
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