• Ce fou de Platonov, Ivanov, les trois sœurs et la mouette

    Ce fou de Platonov

    Anna Petrovna, jeune veuve, invite chaque été un groupe d'amis chez elle en villégiature dans sa maison de campagne.

    Parmi eux, Platonov est un garçon qui paraît être joyeux, qui aime la vie; mais en réalité, il est tout le contraire, manipulateur et cynique: Il aime que ses amis s'intéressent à lui, il aime multiplier les aventures, bien qu'il ait une femme, Sacha, qu'il considère un peu comme sa fille. Dans cette pièce, on a le portrait d'un personnage ambigu qui sombre vers le désespoir...

    Ivanov

    Ivanov, en russe, c’est un nom qui se rapproche de Dupont ou Durand - un monsieur tout le monde. Propriétaire terrien dans un district de la Russie centrale, intelligent, gentil, amoureux, Ivanov est envahi depuis peu par une certaine mélancolie. Sa femme très malade, sa propriété qui part à vau-l’eau, sa gestion de l’argent, tout est remis en question. Tchekhov disait : Il y en a des milliers, des Ivanov... l’homme le plus normal du monde, pas du tout un héros. C’est le drame de cet anti-héros confronté au temps dilaté par l’ennui, à l’impuissance, l’immobilisme, l’inaction et la paresse, un homme lâche enlisé dans l’existence. C’est aussi une satire aiguë et très drôle d’une société de petits-bourgeois en décrépitude, bête, méchante, hypocrite, antisémite et avide de ragots pour nourrir sa vacuité. L’histoire de ce plongeon tragique d’un homme rongé par le dégoût de tout ce qui l’entoure a été la première pièce montée du vivant de Tchekhov.

    Les trois soeurs

    Les membres de la famille Prozorov, composée de trois sœurs, Macha, Olga et Irina et de leur frère Andreï, partagent une demeure provinciale, dans la campagne profonde de Russie. Andreï est lui-même marié à Natacha. La pièce débute par la fête d'Irina, un an après la mort de leur père, marquant la fin du deuil et le début, croit-on, d'une nouvelle vie. La petite ville de province, près de laquelle se trouve la demeure, accueille un régiment qui vient d'arriver. La vie des Prozorov s'avère dominée par l'ennui et n'est rythmée que par les visites d'officiers venus de la garnison voisine, et devenus peu à peu comme des membres de cette famille atteinte du mal de vivre. Un rêve habite cependant les trois sœurs : retourner à Moscou, la ville de leur enfance heureuse. Pas de héros, peu d'action ; cette pièce va à l'encontre du schéma classique en mettant en scène des personnages extrêmement humains qui voient leur vie peu à peu s'étioler, avec le désespoir de n'avoir rien construit, rien entrepris.

    Entre conversations absurdes et grands débats philosophiques, entre mariages ratés et désespoirs amoureux, Tchekhov aborde dans Les Trois Sœurs les thèmes du temps qui passe et détruit les rêves, de l'importance du travail et de l'autonomie, de l'ennui et de l'amour.

    La mouette

    La mouette est le symbole de l'histoire de Nina, aimée par Konstantin qui lui a écrit une pièce. Persuadée de sa vocation d'actrice, elle s'enfuit avec Trigorine, un écrivain reconnu, amant de la mère de Konstantin. Mais elle ne rencontrera pas la réussite, reniée par sa famille et délaissée par son amant. Lorsque, à l'acte II, Trigorine voit une mouette que Konstantin a abattue, il imagine comment il pourrait en faire le sujet d'une nouvelle : « Une jeune fille passe toute sa vie sur le rivage d'un lac. Elle aime le lac, comme une mouette, et elle est heureuse et libre, comme une mouette. Mais un homme arrive par hasard et, quand il la voit, par désœuvrement la fait périr. Comme cette mouette ». La mouette devient le symbole de l'existence de Nina, heureuse près de son plan d'eau mais détruite par le chasseur Trigorine.

    La pièce est aussi la double histoire de Konstantin, qui d'une part affronte sa mère en cherchant en vain à lui faire reconnaître sa valeur et d'autre part, depuis la trahison de Nina, se noie dans l'espoir de retrouver un jour sa bien-aimée. Lorsque celle-ci lui rend visite une dernière fois, deux ans après son départ, elle laisse à Konstantin la certitude que sa vie est maudite.

    Derrière cette dramatique comédie de mœurs, l'auteur aborde le problème du statut des artistes et de l'art. La mère de Konstantin est une actrice connue et imbue d'elle-même. Son amant, Trigorine, est un écrivain à la mode, peut-être un peu plus critique par rapport à sa propre valeur, sans que cela ne l'empêche d'exposer avec suffisance sa méthode de travail. À l'opposé, on trouve Nina qui aspire à devenir actrice, et Konstantin qui s'essaye à l'écriture. L'accueil par des sarcasmes de l'œuvre écrite pour Nina montre tout le mépris que l'actrice éprouve envers l'art de son fils qui se sentira rejeté, comme Nina sera rejetée par Trigorine.

    On trouve dans cette pièce les tourments de personnages qui se cherchent, qui cherchent l'amour, mais le laissent fuir ou passent à côté sans le voir, et qui souffrent de leur passion ou de leurs ambitions. C'est dans le dénouement tragique que les personnages sont confrontés à leur image.

    Dans son texte original, Tchekhov a multiplié les didascalies, ce qui montre sa préoccupation pour des détails précis de mise en scène.

    « Le sauvage, la cerisaie, oncle Vania et neuf pièces en un acte de TchekovMes premiers honoraires d'Isaac Babel »

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