• ELENA de Zviatguintsev sortie en salle le 7 Mars 2012

         Le 7 Mars Prochain sortira en salle le dernier film d'Abdrei Zviatguintsev primé au festival de cannes dans la catégorie un certain regard:

    ELENA

    Elena et Vladimir forment un couple d’un certain âge. Ils sont issus de milieux sociaux différents. Vladimir est un homme riche et froid, Elena une femme modeste et docile. Ils se sont rencontrés tard dans la vie et chacun a un enfant d’un précédent mariage. Le fils d’Elena, au chômage, ne parvient pas à subvenir aux besoins de sa propre famille et demande sans cesse de l’argent à sa mère. La fille de Vladimir est une jeune femme négligente, un peu bohème, qui maintient son père à distance. Suite à un malaise cardiaque, Vladimir est hospitalisé. A la clinique, il réalise qu’il pourrait mourir prochainement. Un moment bref mais tendre, partagé avec sa fille le conduit à une décision importante : c’est elle qui héritera de toute sa fortune. De retour à la maison, Vladimir l’annonce à Elena. Celle-ci voit soudain s’effondrer tout espoir d’aider financièrement son fils. La femme au foyer timide et soumise élabore alors un plan pour offrir à son fils et ses petits-enfants une vraie chance dans la vie.

    ELENA de Zviatguintsev sortie en salle le 7 Mars 2012

    MERE RUSSIE

    Andrei Zviagintsev s’était fait remarquer avec son premier film, Le Retour, qui avait remporté le lion d’or à Venise, puis avec Le Bannissement, présenté à Cannes en compétition (et qui avait d’ailleurs remporté un surprenant prix d’interprétation). Le réalisateur russe revient cette année à Un certain regard. Loin d’être une rétrogradation, c’est une place qui correspond mieux au film car celui-ci, s’il était assez bon pour aller en compétition (là n’est pas la question) est tout simplement un projet mois ambitieux, plus humble que ses films précédents. Mais pas moins réussi. Exit l’impressionnant formalisme plastique, et exit les récits à la simplicité et au symbolisme proches du mythe. Elena, qui raconte l’histoire d’une femme modeste courant après l’héritage de son mari, appartient en effet à une famille de cinéma bien différente : celle du drame social le plus concret. Ce qui ne veut pas dire qu’il se limite aux strictes frontières du genre, car il aborde son récit sous l’angle surprenant du suspens. L’héroïne court, ment, panique et nous avec, sur une musique entêtante de Philip Glass, à mi-chemin entre celles de Psychose et des Dents de la mer. Associée à des enjeux sociaux lourds, et à un rythme auquel le réalisateur nous avait tout sauf habitué, cette urgence n’est pas sans rappeler le compte à rebours angoissant de 4 mois, 3 semaines, 2 jours.

    Mais l’autre bonne surprise du film est d’être moralement bien plus ambigu. Elena a-t-elle raison de vouloir voler son mari pour sauver son fils ? S’agit-t-il d’une sainte ou de la dernière des garces égoïstes ? Les questions sont posées via un habile scénario non dénué d’ironie. Cette situation peut s’interpréter comme une métaphore de la situation économique actuelle du pays, où Mère Russie volerait ses enfants pour en nourrir d’autres. C’est d’ailleurs la direction que prend peu à peu le film, à l’image de ces scènes montrant des corps d’ados laissés à l’abandon dans des fossés tandis qu’Elena trinque à la vodka. Dernier atout de taille, et non des moindres, l’interprète principale, Nadezhda Markina, est excellente et impressionnante dans sa capacité à porter en permanence l’ambiguïté du scénario sur son visage. Longtemps applaudi lors de sa présentation, le film a par ailleurs reçu le fort mérité Prix spécial du jury Un Certain Regard.

     

     

    « Exposition : Les archives russes au musée de la préfecture de police jusqu'au 31 Mars 2012 »