• THE RAKE'S PROGRESS d'Igor STRAVINSKI au Palais garnier du 10 au 30 Octobre 2012

    THE RAKE'S PROGRESS d'Igor STRAVINSKI

    du 10 au 30 Octobre 2012

    Que s’est-il passé entre ce beau matin de printemps qui ouvre The Rake’s Progress et l’asile de Bedlam où s’achève la carrière du libertin ? Tom Rakewell a hérité d’un oncle imaginaire, s’est vautré dans la luxure, a épousé la femme à barbe de la foire de Saint-Gilles et tenté de sauver le monde en inventant une machine à transformer la pierre en pain (fabriquée en série). Cherchant un fil conducteur aux peintures d’Hogarth qui devaient lui inspirer son opéra, Stravinsky eut une idée de génie : affubler son héros d’un Diable qui douterait lui-même de son existence mais orchestrerait cette fable du désir et de l’échec. Tom Rakewell n’a plus rien du libertin flamboyant qui invitait la Mort à sa table : il devient la marionnette de ses désirs contradictoires. Aspirant à sauver l’humanité et pressé de se perdre, il incarne l’homme du XXe siècle, et c’est en cela qu’il nous touche. Lacé dans le corset des oeuvres à numéros du XVIIIe siècle, The Rake’s Progress est hanté par la musique baroque et l’opéra mozartien. Le compositeur joue avec ses modèles comme le Diable avec son héros – nous plongeant dans un univers fantastique où l’allusion se révèle souvent illusion. Un manège servi à merveille par la mise en scène d’Olivier Py, qui incorpore les codes de la comédie musicale et fait de ce Rake’s Progress un théâtre du monde lucide et grimaçant.

    Le compositeur

     

    Igor Stravinsky est né à Oranienbaum (Russie) le 17 juin 1882. Sa mère, Anna, elle-même chanteuse, l’initie très tôt à la musique. Rimski-Korsakov le prend rapidement sous sa protection et l’introduit dans les milieux de la musique à St Petersbourg. En 1908, il compose à son attention Feu d’artifice, mais le grand maître décède. Diaghilev, futur patron des Ballets Russes, assiste à l’exécution de cette œuvre et pressent Stravinsky pour ses ballets. Celui-ci lui compose L’Oiseau de feu, dont la première a lieu à Paris en 1910. Il a l’occasion d’y rencontrer Debussy, qu’il admire et avec lequel il entretiendra une amitié durable. En 1911, il écrit Petrouchka, un ballet plus acclamé encore que le précédent et en 1913, Le Sacre du printemps, une œuvre qui fait scandale par ses innovations et sa modernité. Durant la Première Guerre mondiale, il s’exile en Suisse. Il y écrit L’Histoire du soldat, une pièce pour théâtre itinérant. En 1918, il revient à Paris. Renard et Mavra, deux pièces chantées, sont créées en 1922 à l’Opéra, puis l’opéra-oratorio Œdipus Rex en 1927 au Théâtre Sarah Bernhardt. En 1935, il se rend en tournée aux Etats- Unis. Il y obtient de grands succès et reçoit quelques commandes dont le ballet Jeu de cartes. Néanmoins le malheur s’abat sur sa famille puisqu’il perdra son épouse, sa fille et sa mère toutes trois mortes de tuberculose. En 1940, il compose Dumbarton Oaks, une pièce de musique de chambre et la Symphonie en ut. Il se remarie aux Etats-Unis avec Vera de Bosset. En 1951, il se tourne vers le sérialisme et le dodécaphonisme. En 1962, il retourne triomphalement en tournée en URSS. Le succès est encore au rendez-vous mais sa santé décline et il meurt à New York en 1971. L’apport de Stravinsky au langage musical de ce siècle a été absolument décisif, en particulier dans le domaine du rythme et dans celui des timbres et de l’orchestration.

     

     

     

    L’œuvre

    L’œuvre a été inspirée à Stravinsky par une suite de peintures de l’artiste anglais du XVIIIe siècle, Hogarth, qu’il vit à Chicago en 1947, et qui, sur un mode édifiant, raconte la déchéance de Tom Rakewell, jeune héritier qui, après avoir dilapidé sa fortune dans le jeu et les plaisirs londoniens, finit dans un hôpital psychiatrique. Avec l’aide du poète Wystan Hugh Auden et de Chester Kallman, il en conçut le livret en rajoutant le personnage de Nick Shadow, qui est l’incarnation du Diable, rattachant ainsi l’histoire au mythe de Faust. Le livret est en trois actes de trois scènes chacun qui se répondent parfaitement. En travaillant sur ce thème, Stravinsky entendait expérimenter la prosodie anglaise, comme il l’avait fait précédemment pour le russe, le latin et le français.

    Sur le plan musical, l’œuvre est la dernière relevant entièrement de la période dite néo-classique du compositeur. C’est Mozart (en particulier celui de Così fan tutte) et la musique baroque du XVIIIe siècle qui servent de référence ici. Mais d’autres influences se font entendre, comme celles de Rossini, de Donizetti, voire même des autocitations. De ce fait, la partition reprend la forme et le style de l’opéra à numéros de l’époque et elle se subdivise en une suite d’airs, ariosos, chœurs, ensembles, avec des récitatifs soit secs (accompagnés au clavecin), soit soutenus par l’orchestre. Par cette forme, l’œuvre a suscité de nombreux débats et certains détracteurs n’y ont vu qu’un pastiche. Mais son succès, depuis sa création en 1951, ne s’est jamais démenti.

     

     

     

    La création

    The Rake’s Progress a été créé au Teatro La Fenice de Venise en septembre 1951, avec, entre autres, Elisabeth Schwarzkopf dans le rôle d’Anne Trulove.

     

     

     

    L’œuvre à l’Opéra de Paris

    The Rake’s Progress a été représenté pour la première fois à l’Opéra Comique (Salle Favart) en 1953, sous le titre Le Libertin, dans une mise en scène de Louis Musy, avec Janine Micheau, Léopold Simoneau et Xavier Depraz, sous la direction d’André Cluytens.

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